Vous avez sans doute déjà entendu parler de certaines esthéticiennes qui ont choisi un mode de travail se situant entre l’institut et le domicile. Je veux parler de celles qui prestent en camping-car.

De mémoire, Sylvie Granjon est à la tête de Belle et Bien Esthétic et l’une des pionnières dans ce domaine. J’avais entendu parler d’elle il y a un moment grâce au reportage fait par France 3 et elle a eu la gentillesse de répondre à quelques questions afin de partager, avec nous, son expérience.

Bonjour Sylvie, quel a été votre parcours ?

Depuis 25 ans, j’ai œuvré dans différentes entreprises et différents services : achats, douanes, logistique, commercial. Puis j’ai été comptable pendant dix ans .

En 2008 j’ai commencé à vendre en tant que VDI des produits de beauté à domicile ( LR Health and Beauty System) en parallèle de mon emploi. Ce domaine m’a énormément plu et après une période difficile liée à mon emploi, j’ai décidé de quitter le monde de la comptabilité et de passer mon CAP esthétique à 47 ans.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à proposer vos prestations dans un camping-car ?

C’est en regardant un reportage sur une dame qui pratiquait le toilettage pour chien en camping-car que j’ai eu l’idée de proposer la même chose, mais en esthétique. En faisant mon étude de marché, je me suis rendu compte que cela n’existait pas du tout dans les landes et qu’il y avait un marché à prendre. Les villages étant éloignés les uns des autres.

De plus, j’avais commencé à travailler en domicile, mais entre le poids de la table et du matériel et une première expérience pas très ragoutante (je suis arrivée chez une cliente qui n’était pas en harmonie avec l’hygiène !) j’ai préféré amener l’institut avec moi littéralement.

 

Depuis combien de temps êtes-vous installée, et depuis combien de temps pratiquez-vous l’esthétique?

Je me suis installée en 2011 tout de suite après l’obtention de mon diplôme.

 

N’avez-vous pas craint de vous lancer tout de suite après ?

Non, mon projet avait eu le temps de bien murir et étant dans la comptabilité, j’avais toutes les connaissances nécessaires concernant la gestion d’entreprise. J’avais fait du contrôle de gestion et j’étais très bien soutenue par ma famille qui ne cesse de me motiver au quotidien.

Aussi, même si j’étais fraichement diplômée en esthétique j’avais l’assurance et l’expérience du monde du travail.

Combien de temps ont pris les travaux d’aménagement ?

Les travaux ont duré plusieurs mois, c’est mon mari qui a fait le gros œuvre. Après avoir visité près de cinquante véhicules, il a fallu dépecer celui-ci pour mieux le réaménager. J’ai choisi les couleurs, le tissu et fait la décoration. Ce fut une vraie aventure…

 

Le coût a-t-il été lourd compte tenu de l’achat du véhicule et de son aménagement ?

Au total, l’investissement a été de 35 000 €, dont 30 000 € rien que pour le camping-car. Le reste étant alloué aux produits et matériels pour travailler.

 

Comment gérez-vous la distribution de l’eau et de l’électricité ?

L’électricité est fournie sur le lieu de la prestation. Soit chez les clientes qui branchent la rallonge chez elle, soit dans le camping, soit par la mairie si je m’installe sur la place contre paiement d’une taxe. Sinon j’ai une batterie auxiliaire pour me dépanner. Elle me permet d’alimenter un appareil à cire pendant une heure.

Quant à l’eau, j’ai une réserve d’eau propre et une d’eau sale que je vide tous les deux à trois jours.

 

Votre institut fait combien de mettre carré ?

J’ai 9,42 m2 .

Mais malheureusement, l’état ne considère pas cette surface comme un institut et je n’ai donc pas pu établir le siège social dans le camping-car. C’est ma maison qui fait office de siège et c’est donc sur la surface de la partie destinée à mon entreprise que le CFE est calculé. Je travaille dans 9,42 m2, mais je paie pour une surface beaucoup plus grande.

 

Comment avez-vous choisi les marques avec lesquelles travailler ?

Au départ je travaillais avec Horméta , mais il s’est avéré que mes clientes n’avaient pas le budget qui allait avec. J’ai toujours gardé LR pour leurs produits à l’Aloé Véra et j’ai enrichi la gamme avec Algologie qui est plus accessible pour mes clientes.

 

Comment vous êtes-vous fait connaître ?

J’ai mis des flyers dans les boîtes aux lettres. J’ai mis une publicité dans les journaux qui n’a pas marché. J’ai aussi, prospecté les mairies et j’ai des conventions avec certaines. Cela me permet d’être présente dans l’annuaire des commerçants du village au même titre qu’un institut traditionnel.

Le Camping-car est aussi une très belle publicité : on me voit !

 

Comment réagissent vos clientes au moment où elles découvrent votre installation ?

Au départ, elles n’osent pas rentrer à l’intérieur, puis une fois dedans, elles sont ravies de voir l’institut cosy, agréable et intime.

 

Aujourd’hui, arrivez-vous à vivre de votre entreprise ?

Oui, je commence. Il faut bien compter trois ans avant de pouvoir vivre de ce métier.

Aussi, je ne suis pas autoentrepreneur, je suis en Entreprise Individuelle au réel simplifié.

En effet, le régime de l’autoentreprenariat n’est pas du tout adapté à cette manière d’exercer l’esthétique pour beaucoup de raison.

 

Vos débuts ont-ils été difficiles ?

Je travaille de 8 h à 22 h et me déplace à 50km de chez moi, les débuts et la suite ne sont pas faciles.

Mais, quelle joie de faire ce que l’on aime, on est libre et épanouie malgré la charge de travail.

Et puis, je suis énormément soutenue par mon entourage. C’est très important !

 

Avez-vous des conseils à donner à nos lectrices ?

Oui, je leur conseille de s’adresser aux bonnes personnes pour monter leur dossier et de faire une bonne étude de marché.

 

En conclusion :

Sylvie est une battante, elle n’hésite pas à travailler dur pour vivre du métier qu’elle aime. Aussi, proposer ces prestations en Camping-car n’est pas aisé pour tout le monde. Sylvie exerce dans les Landes et essentiellement dans les villages. Être en camping-car en pleine ville serait impossible du fait de la grandeur du véhicule.

L’idée est excellente, car vous gardez toujours le même environnement de travail comme dans un institut tout en allant à la rencontre de vos clientes comme pour le domicile.

Autre point à souligner est que Sylvie est très bien épaulée par sa famille, tant au point de vue moral que logistique. De plus, sa formation initiale lui a permis d’établir un budget prévisionnel juste et pérenne et de choisir le meilleur statut.

Je lui souhaite vivement une réussite dans ses projets. Nous espérons l’interviewer de nouveau pour nous les exposer.

 

Belle et Bien Esthétic’

173 rue du bousquet
40260    Castets
06 30 48 37 59
Email: sylvie.granjon@gmail.com

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